du vendredi 18 au soir au dimanche 20 septembre 2020
Les années se suivent et ne se ressemblent pas. Le virus covid-19 est venu se mêler de nos affaires et perturber tous les programmes que nous avions mis au point pour l’exercice 2019-2020. Nous sommes pris dans ce dérangement mondial, source de combien d’incohérences, de jugements à l’emporte pièce, mais aussi de nombreuses solidarités et de réflexions sur le devenir de notre monde.
L’approche des fêtes juives est pour nous l’occasion de faire retour sur nous-mêmes, et, dans le même temps, de nous sentir solidaires du devenir de notre humanité. Cette maxime rabbinique peut être méditée dans notre contexte actuel : « Tous les jugements sont jugés à Rosh ha-Shana et leur verdict est scellé au jour de Kippour » (Talmud bRo’sh ha-shanah 16a). Le sérieux de ces fêtes austères renvoie à la responsabilité de chacun, et en tout premier lieu à celle de nos frères et sœurs juifs, et c’est à vous chers amis juifs, que vont nos vœux les plus fervents. Les chrétiens de l’AJCF n’auront pas de peine à se sentir eux aussi concernés par l’appel de ces célébrations, conscients qu’ils sont d’être inclus, à leur place, dans cette élection qui a vocation de s’étendre à toute l’humanité.
Nous avons la chance d’avoir une tradition qui ouvre à la vie, offre à chacun sa place unique dans le concert de l’humanité, permet la réalisation d’une authentique fraternité ouverte à l’avenir, grâce à notre relation commune à « notre Père qui est dans les cieux », (Avînou shebaShamayim). Sans cette dimension transcendante le monde ne tient pas et la fraternité se transforme en lutte pour le pouvoir. Le procès qui se déroule actuellement à Paris rappelle, s’il en était besoin, les terribles attentats de janvier 2015 : Charlie Hebdo, fusillade à Montrouge, et le dernier d’entre eux à l’Hyper Cacher n’avait d’autre motif que la judaïté des victimes, expression du but final qui motivait les terroristes, but irrationnel mais cependant motivé à un niveau plus ou moins conscient par la certitude de rejoindre la racine du mal en s’attaquant au peuple témoin de l’ouverture à la Transcendance source de vie.
Ce qui nous réunit à l’Amitié Judéo-Chrétienne de France est précisément cette ouverture au message qui s’enracine dans l’appel d’Abraham, dans la Tora de Moïse et dans ce qu’en reçoivent les chrétiens par le Juif Jésus. Notre relation entre Juifs et chrétiens nous insère au cœur des débats et contradictions de notre monde. Chacun de nous, selon ses capacités et charismes, peut apporter sa pierre à la construction d’un monde meilleur et les simples manifestations de notre amitié témoignent de la réalité de cette voie de vie. Souhaitons que ces fêtes qui approchent nous apportent un supplément de confiance et d’optimisme vrai.
Shana Tova, bonne année 5781 !
Jean Massonnet , 16 septembre 2020